10.24.2012

Au moyen âge pour la femelle, ange ou pourceau, 
Il fallait un gaillard de solide gréement

J
e ne perçois plus avec les yeux mais appréhende avec mon esprit. Là où s’arrête la connaissance sensorielle, c’est le désir de l’esprit qui a libre cours.



L'
homme parfait est pur esprit ! Il ne ressent pas la chaleur de la brousse enflammée ni la froideur des eaux débordées ; la foudre qui fend les montagnes, la tempête qui soulève l’océan ne sauraient l’effrayer. Celui-là, les nuées sont ses attelages, le soleil et la lune sont ses montures. Il vagabonde au-delà des Quatre mers ; les alternances de la vie et de la mort ne le concernent pas, encore moins les notions de bien et de mal.



L
e saint ignare, franchit les millénaires. Et Un, se fait pur.

L

es dix milles êtres avec moi sont un.



O
ù as tu entendu cela?  Je l’ai appris de fils d’Ecriture, ce dernier du petit-fils de Récitation, qui l’a appris de Regard illuminé, qui lui l’avait appris de Murmure-Accorde, qui l’avait appris de Chant Joyeux, ce dernier l’ayant appris de l’Obscurité noire, qui l’avait appris de Union du Vide, elle même l’ayant appris d’Origine Evanescente.



D
ans le Tao, il y a de la réalité, de l’efficacité, mais il n’agit, ni n’a de forme. On peut l’obtenir, mais non pas le voir. Il est à lui-même tronc et racine. Avant qu’il n’y ait eut ciel et terre, il a existé de toute éternité. Il donne leur pouvoir aux esprits des morts  et des ancêtres royaux  ; il donne la vie au Ciel et à la Terre.



L
aisse ton esprit s’ébattre dans la fadeur, uni ton souffle dans l’indifférencié, suis le spontané et sois sans égoïsme.




L
’homme supérieur n’a pas de moi, l’homme spirituel  ne garde aucun de ses mérites. Le sage n’a pas de nom.



A
vant que j’aie pu employer cette méthode, j’avais conscience de mon moi  ; maintenant que j’ai pu l’employer, c’est comme si moi, Houei, je n’avais jamais existé. Est-ce cela le Vide? Parfaitement, répondit Confucius.



M
ort et vie, conservation et destruction, succès et échec, pauvreté et richesse, compétence et incompétence, calomnie et apologie, faim et soif. Ce sont toutes les alternances du Destin. Elles opèrent jour et nuit et on ne peut connaîtrent leurs sources. A quoi bon donc, les laisser troubler notre paix.



U
n jour, Zhuangzi rêvait qu'il était un papillon : il en était tout à l'aise d'être papillon, qu'elle liberté ! Quelle fantaisie ! Il en avait oublié qu'il était Zhou. Soudain il se réveille, et se trouve tout ébahi dans la peau de Zhou. Mais il ne sait plus si c'est Zhou qui a rêvé qu'il était papillon, ou si c'est un papillon qui a rêvé qu'il était Zhou. Mais entre Zhou et le papillon, il doit bien avoir une distinction : c'est là ce qu'on appelle la transformation des êtres.


Z
iqi de Nanguo, accoudé sur un guéridon,
 en extase, comme privé de son compagnon,
 soupirait doucement vers le ciel.
Yancheng Ziyou, debout à ses côtés :
"Que se passe t-il ?
 Peux tu faire de ton corps un bois sec
 et de ton esprit (xin) une cendre morte?
 Cet homme accoudé n'est point celui d'hier ! "
Ziqi répondit :
" A l'instant, le sais-tu, j'ai perdu mon moi.
 De l'homme tu entends le chant,
 mais de la terre rien encore.
 Et, si de la terre tu entends la rumeur,
 au Ciel, ô combien sourd tu demeures ! "


A
insi, ce qu'il aimait était Un,
 ce qu'il n'aimait pas était Un,
 ce qui en lui était unifié était Un,
 ce qui en lui ne l'était pas était Un, 
étant unifié, il était le compagnon du Ciel, 
ne l'étant pas, il était le compagnon de l'homme. 
Quand Ciel et homme ne rivalisent pas, 
c'est là qu'apparaît l'homme Véritable.


U
n tel homme ne sait ce qu'œil et oreille approuvent: 
Son esprit s'ébat dans l'harmonie de la Vertu. 
Il voit l'unité des êtres et des choses et non leur perte, 
Son pied coupé n'est qu'une motte arrachée. 
Il ne fait que travailler à sa perfection, dit Chang Ji. 
Par son intelligence, il accède à son esprit; 
Par son esprit, il accède à l'esprit constant. 
Pourquoi les êtres affluent-ils vers lui?
L'homme ne prend pour miroir l'eau qui court
Mais celle qui dort, dit Confucius.
Seul l'arrêt peut calmer la multitude.
Investis du Décret Terrestre,
Seuls le pin et le cyprès, autonomes, sont parfaits
Hiver comme été ils garderont leur verdeur.
Investi du Décret Céleste 
Seul Shun, autonome , se rectifie :
Par grâce il peut rectifier sa propre nature
Et par là même rectifie celle de la multitude.
Pas de peur pour qui garde la trace de l'origine.
Le guerrier brave affronte les neuf armées sans crainte
Qui cherche le renom
Et y parvient par soi-même agit de la sorte.
Celui qui gouverne Ciel et Terre,
 se fait le réceptacle des Dix mille êtres
, habite son corps comme une demeure éphémère,
 ne se fie ni à ses yeux ni à ses oreilles,
 unifié son savoir par la sagesse.



A
insi, le Saint s'ébat:
Pour lui, le savoir est une malédiction,
L'engagement un enchaînement,
 Les faveurs une corruption,
 L'habileté un commerce.
 Le Saint est sans projet : que ferait-il du savoir?
I l ne découpe rien : que ferait-il de la colle?
 Il ne perd rien: comment chercherait-il à obtenir?
 Il ne convoite aucun bien. pourquoi commercerait-il?
 Ces quatre positions sont le Don du Ciel;
 Le Don du Ciel est une nourriture :
Nourri par le Ciel, pourquoi en appellerait-il à l'humain?
De l'homme, il a la forme mais non les penchants.
Ayant cette forme, il se mêle aux hommes.
Sans leurs penchants,
Un tel homme fautait sans regrets 
Et réussissait sans fatuité. 
Un tel homme grimpait sans vertige, 
S'immergeait sans se mouiller 
Et plongeait dans le feu sans se brûler. 
Ainsi était la connaissance à hauteur de la Voie. 
L'homme Véritable des temps anciens 
Dormait sans rêver, Se réveillait sans soucis, 
Mangeait sans goûter 
Et respirait en profondeur. 
L'homme Véritable respire par les talons;
Les gens du commun par la gorge,
Subjugués, on dirait qu'ils vagissent.
Quand passions et désirs sont profonds
Faible est la force interne du Ciel.
L'homme Véritable des temps anciens
Ignorait l'amour de la vie et la haine de la mort,
Ne se réjouissait pas d'apparaître
Et ne refusait pas de disparaître.
Alerte et léger, il arrivait et repartait. C'était tout.
Conscient de son origine et peu soucieux de sa fin,
Recevant la vie, il en jouissait ;
La perdant, il retournait à la source,
C'est ce qu'on appelle ne pas nuire à la Voie par l'esprit
Et ne pas agir en homme pour assister le Ciel.
C'est cela être un homme Véritable.
Un tel homme avait l'esprit attentif,
Le visage serein et le front large.
Austère, il était comme l'automne;
Chaleureux, il était comme le printemps.
Ses joies et ses colères épousaient les quatre saisons.
Il s'accordait aux êtres et aux choses
Sans que nul ne connaisse ses limites.
Ainsi, quand le Saint levait des troupes,
Il détruisait un pays sans perdre le peuple. 
Répandant ses bienfaits sur mille générations, 
Il n'aimait pas d'amour partial. 
Ainsi, qui jubile en circulant au travers des êtres, 
N'est pas un Saint.
 




E

n outre, obtenir la vie est affaire de circonstance,
 La perdre est affaire de conjoncture.
 Quand on s'en remet aux circonstances
 Et qu'on s'établit dans la conjoncture,
 Douleur et joie ne pénètrent plus.


H
uizi (Hui Si) dit un jour à Zhuangzi : " Se peut-il qu'un homme n'est pas les caractéristiques de l'humain ? "
Zhuangzi lui répondit : " Parfaitement "
Huizi : " Si un homme n'a pas ces caractéristiques, qu'est ce qui permet de l'appeler " homme " ?
Zhuangzi : " Le Dao lui a donné son aspect, le ciel sa forme, comment pourrait-on ne pas l'appeler " homme " ?
Huizi : " Mais étant donné qu'on l'appelle " homme ", comment pourrait-on lui dénier ce qui le caractérise ? "
Zhuangzi : " Le fait d'affirmer " C'est cela ", " Ce n'est pas cela ", voilà ce que je considère comme caractéristique de l'humain. Pour moi, en être dépourvu, c'est ne pas se laisser affecter intérieurement par ses goûts et ses dégoûts, avoir pour règle de suivre le cours naturel sans prétendre apporter quelque chose à la vie. "
Huizi : " Si l'homme n'apporte rien à la vie, comment peut-il ne serait ce qu'exister ? "
Zhuangzi : " Le Dao lui a donné son aspect, le ciel sa forme, qu'il lui suffise de ne pas se laisser affecter intérieurement par ses goûts et ses dégoûts. Regardez-vous plutôt :
Toujours à disperser votre force spirituelle,
Toujours à gaspiller votre énergie essentielle,
Toujours à radoter contre un arbre appuyé,
Jusqu'à vous assoupir sur votre sterculier.
Le corps que le ciel vous a donné,
A discuter du " dur " et du " blanc " vous l'usez


J
'ai gardé en moi la Voie tout en l'instruisant: 
Après trois jours, il s'est détaché du monde; 
S'étant détaché, je l'ai encore gardée. 
Après sept jours, il s'est détaché des êtres; 
S'étant détaché, je l'ai encore gardée. 
Après neuf jours, il s'est détaché de la vie; 
Détaché de la vie, l'aurore l'a inondé. 
Inondé de lumière, il s'est éveillé à l'unicité. 
Dans l'unicité, le passé et le présent se sont abolis. 
Passé et futur abolis, 
Il a pénétré là où rien ne vit ni ne meurt. 
Ce qui tue la vie ne meurt pas, 
Ce qui donne la vie ne vit pas. 
En tant que chose, elle est ainsi: 
Il n'est rien qu'elle n'accompagne, 
Il n'est rien qu'elle n'accueille, 
Il n'est rien qu'elle ne détruise, 
Il n'est rien qu'elle n'accomplisse. 
Son nom est "combat serein". 
Après le combat, il y a accomplissement. 
- Où as-tu entendu cela? demanda Zikui de Nanbo. 
- Je l'ai appris de fils d'Écriture, 
- Ce dernier du petit-fils de Récitation
- Qui l'apprit de Regard-Lumineux
- Qui lui, l'avait appris de Murmure-Accordé,
- Ce dernier l'ayant appris de Pratique-Obligée
- Qui l'avait appris de Ballade-joyeuse,
- Cette dernière l'ayant appris de Subtile-Obscurité
- Qui l'avait appris de Saisie-du-Vide,
- Ele-même l'ayant appris d'Origine-Évanescente.


C
omme les matins, les demeures se succèdent
Mais la vraie mort n'advient pas.


A
u pays de Lu, Shushan Sans-orteil, amputé d'un pied, 
Clopinant sur ses talons, s'en fut voir Confucius. 
Tu manques de prudence, lui dit le Maître. 
Tes erreurs du passé t'ont mis dans ce triste état. 
En venant à moi qu'atteindras-tu? 
- Manque de savoir-faire 
Et usage de mon corps à la légère 
Ont fait de moi un amputé! répondit Sans-orteil. 
Aujourd'hui je viens à toi car plus que mes pieds 
Je respecte une chose que je me dois de préserver.


A
présent je ne le perçois plus avec les yeux mais l'apprenhende par l'esprit (shen). Là où s'arrête la connaissance sensorielle, c'est le désir de l'esprit qui a libre cours.


Q
uel usage particulier fait-il de son esprit?
-Vie et mort sont pour lui d'égale importance :
 Elles ne l'affectent en rien.
 L'effondrement du monde ne l'entraîneraient pas.
 Il discerne le vrai, ne dérive pas avec les choses,
 Epouse leur transformation
Et s'attache au Principe Ancestral.



A
insi, quand la Vertu est grande, on oublie le corps.
 Quand l'homme n'oublie pas ce qui est oublié
 Et oublie ce qui ne l'est pas,
 C'est l'oubli véritable.


Q
ui s'attache, n'est pas bienveillant.
Qui choisît le moment, n'est pas sage. 
Qui ne sait que pertes et profits sont corrélatifs, 
N'est pas un homme de bien. 
Qui agît par renom et se perd, 
N'est pas un gentilhomme.


L
e Saint s'ébat là où les êtres et les choses 
Jamais ne disparaissent, et avec eux il demeure. 
Mort précoce, vieillesse, origine et fin de la vie 
Lui procurent la même joie.


L
a grenouille au fonds du puits ne saurait parler de l'océan enserrée qu'elle est dans son trou. L'insecte qui ne vit qu'un été ne saurait parler du gel, limité qu'il est à une seule saison. Le lettré borné ne saurait parler du Dao, prisonnier qu'il est de ce qu'il a appris.


D
u point de vue de l'identité, Les Dix milles êtres sont Un.


L
e ciel et la terre fut engendré avec moi, les dix milles êtres et moi ne faisons qu'un.


L
a Voie, elle, est réelle et l'on voit ses effets : 
Non agissante, elle est sans forme. 
Transmissible, elle ne peut être reçue. 
Invisible, on peut la saisir. 
Elle est son propre tronc, 
Elle est sa propre racine. 
Avant qu'il n'y eût Ciel et Terre, 
Depuis l'aube des temps, elle existe inchangée. 
Elle anime les démons et le Souverain du Ciel, 
Engendre Ciel et Terre.


I
l y a sûrement un Vrai Maître,
Mais on n'en voit pas la trace :
Agissant, mais invisible; réel, mais sans forme.
Cent os, neuf orifices et six viscères ici assemblés.
De qui suis-je l'intime?
Tous te réjouissent-ils?
As-tu un favori?
Sont-ils tous des serviteurs?
Entre serviteurs peuvent-ils se diriger?
Ou sont-ils tour à tour souverain et serviteur?
Si parmi eux trône un Vrai Souverain,
Que l'on cherche ou non sa réalité,
N'entame en rien sa Vérité.


L
e ciel tourne t'il ? 
La Terre est-elle fixe ? 
Le soleil et la lune se disputent-ils leur place ? 
Qui précède à tout cela ? Qui le coordonne ? 
Qui, sans rien faire, lui confère impulsion et mouvement ? 
Pensera t'on à un ressort, à un mobile à la marche inéluctable ? 
Imaginera t'on que tout cela se meut et tourne sur soi-même sans pouvoir s'arrêter ?


Paroles, poèmes & citations de Zhuangzi